LES MOTS, CONTRE VENTS ET MARÉES !

Pourquoi tenir un salon du livre à Granville ? Après tout, notre ville ne manque pas de libraires et de bouquinistes, ni de lecteurs, qu’ils soient clients fidèles de ceux-ci ou usagers réguliers de notre médiathèque. Et le livre, avant même l’invention de l’imprimerie, a été de tout temps dans notre civilisation le truchement nécessaire à la circulation des idées, des connaissances et des histoires entre les hommes. Quoi de nouveau sous le soleil normand ?

En réponse à cette question, tout d’abord que c’est une tradition vieille de plusieurs décennies, installée au cœur de l’été, et qui a remporté très vite un grand succès. Tradition bien ancrée pour notre ville corsaire, ce salon est révélateur de l’esprit d’ouverture au monde, du goût de l’autre, de l’énergie et de la résilience forgés par nos traditions maritimes. Car un salon n’est pas seulement l’occasion de vendre des livres, il est aussi producteur de débats, de rencontres du public avec des écrivains, de découvertes multiples. Il facilite la circulation des idées, des connaissances et des échanges. Enfin, il fournit l’occasion d’oublier nos écrans et le trop plein du bruit médiatique qui nous isolent.  

Car telle est notre conviction : face à la tentation du repli sur soi dans notre époque singulière, les livres nous éclairent sur le monde dans lequel nous vivons, nous permettent de mieux l’appréhender, de trouver des motifs d’espérer et d’être plus solidaires. Qu’il s’agisse du retour de la guerre sur notre continent, en ce 80ème anniversaire du débarquement en Normandie, de la crise climatique qui exige une réaction à sa mesure, de la recherche d’une meilleure cohésion de notre société, les livres nous ouvrent à la réflexion et à l’empathie.  

Partageons le plaisir de lire avec enthousiasme, avec tous les publics et spécialement les jeunes lecteurs en devenir. Qu’ils soient romans, témoignages, essais, reportages, bandes dessinées, tous les livres sont pour le lecteur, chacun à leur façon, une occasion de penser et d’agir.

« Les mots, contre vents et marées » nous donneront l’énergie et la sagesse nécessaire pour que le courage l’emporte sur l’inquiétude. Forts de cette conviction, c’est à ce titre que nous concevrons, année après année, des rencontres, des échanges, des manifestations qui permettront à tous, auteurs, éditeurs et lecteurs, de forger le programme d’une fête du livre au bénéfice de notre commune humanité.

Dominique Monneron, président de Granville se livre

Durant tout  mon enfance et mon adolescence, je fus connu et montré du doigt comme un modèle de paresse; pourtant je poursuivais sans relâche ma propre fin, à savoir apprendre à écrire. J'avais toujours deux livres en poche, un pour lire, l'autre pour écrire. Quand je marchais, mon esprit était constamment occupé à chercher les mots justes correspondant à ce que je voyais; quand je m'asseyais au bord de la route, c'était soit pour lire, soit un cahier de quatre sous et un crayon en main, pour noter les traits saillants d'une scène ou pour conserver la trace de quelques strophes boiteuses. Je vivais ainsi en compagnie des mots.


Extrait de "Devenir écrivain" de Robert Louis Stevenson